Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/323

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' ` ` · PHARSALE ,319 . seau, elles rentrent au camp,_ non sans'd'énormes pertes. La journée était perdue : nombre de·bons soldats gisaient · à terre. Pourtant le gros de l’armée était sauf. César, apres sa défaite devant Dyrrachium, avait couru de plus grands dangers. Mais il avait appris, dans les vicissi- tudes de sa vie, que si la fortune aime àse dérober parfois à ses favoris, c’est qu’elle veut être contrainte à force d’opiniâtre énergie. Pompée jusque—là ne l’avait _ g connue que comme une déesse sans inconstance : il douta d’elle et de lui—même, des qu’elle lui échappa. Chez les ` grandes natures, chez César, le désespoir ne fait qu’ac— croître l’effort : il écrase les Pompée et autres minces génies, et les précipite dans l’abime sans fond de‘leur misère. Jadis, déja, commandant l’armée contre Sertorius, Pompée avait songéà la désertion devant un ennemi plus fort (VI, p._l63). De même en ce jour, quand il vit ses Pompée ma. légions repasser l’Enipée, il rejeta les trop lourds insignes du commandement, et remontant à cheval, s’enfuit par . la route_ la plus courte jusqu’a la mer, où il demanda un ` vaisseau. — Cependant`s0n armée démoralisée et sans ` chef (Scipion, son collègue, revêtu comme lui de l’Impe— mam, n’étaît général que de nom), espérait trouver un abri derrière les murailles du camp. César ne lui laisse point de repos : en dépit de leur résistance opiniâtre, les gardes thraces et romaines sont assaillies et enfoncées, , et les masses compactes des Pompéiens se retirent en désordre sur les hauteurs de Crannon et de Scotussa, au- , dessus du camp. D_e là, se tenant sur les crêtes, elles veulent regagner ljarisse : mais les légions de César, . oublieuses du butin et de la fatigue, s’avancent dans la plaine par des sentiers meilleurs, et bientôt leur ferment · · la route. Sur le soir, quand les fugitifs s’arrêtent, elles creusent leur fossé devant eux, et les coupent de l’uniqu'e ruisseau qui coule dans le voisinage. Ainsi finit la journée de Pharsale. L’armée de Pompée n’était·point seulement battue : elle était détruite. Elle laissait 45,000