182 · LIVRE V, CHAPITRÈ X1 qu’elle a été tout d'abord écrite dans l’Inst¢·uction que le préteur annuel publiait à son entrée en charge, pour servir de règle aux parties,`et dans laquelle il consignait à l’avance les principales maximes juridiques qu’il enten- ·dait appliquer au cours de son année judiciaire (eclictnnz. ` annunm ou pemetuum prœtoris urbana]. Nous savons · ·aussi que cette méme réforme, préparée de longue main par les édits des temps antérieurs avait sûrement atteint son complément dans Vépoque actuelle. Théoriquement parlant, la jurisprudence nouvelle était encore abstraite si l’on peut dire, la pensée juridique romaine s’y étant dépouillée de son caractere exclusif et national, autant du moins qu’elle en avait eu conscience. Mais cette juris- prudence était en même temps pratique et positive, en ce sens qu’elle n’allait point se perdre dans le crépuscule nébuleux de l’équité générale, oudans le pur néant d’un prétendu droit naturel. Placée dans la main. d’un magis- trat constitué, ayant ses regles préfixes pour l’applica- · tion concrete a des cas délimités, elle n’était point ` seulement susceptible de recevoir une formule légale, elle . 1’avait en partie reçue déjà dans l’Eclit annuel publié pour la ville. Elle répondait réellement aux besoins du moment, alors qu’elle offrait a la procédure, aux acquisitions de la p1·opriété, aux contrats, un cadre agrandi et plus commode, tel que l’exigeaient les progres de la vie civile. Elle était enfin devenue, dans toutel`étendue des territoires romains, lc droit cemmun essentiellement subsidiaire. Car, tandis que les innombrables statuts locaux demeuraient la règle de tous les rapports juridiques en dehors du commerce général, ou des litiges se rattachant aux usages de la vie civile locale entre habitants du même ressort de justice, la juridiction officieuse, en Italie et dans les provinces, se modelant surl’éditde la ville, non applicable évidemment par lui—n1ème, vidait les instances pécuniaires ou réelles . entre justiciables appartenant à des ressorts différents. L’édit prétorien avait alors la place et l’importance que le
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