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LIVRE V, CRAPITRE XII.

implantée dans le cercle cosmopolite des érudits en philologie, et leur est apparue comme la fine fleur de l’antiquité éteinte. Entre le grec classique et le grec vulgaire du siècle des Diadoques, la différence, pour être moins tranchée, est bien la même qu’entre le latin de Mamuce et l’italien de Macchiavel.

Jusqu’alors l’Italie s’était réellement défendue contre les Alexandrins. Elle avait eu relativement sa floraison littéraire au temps qui précède et qui suit les guerres puniques; mais Nœvius, Ennius, Pacuvius et toute l’école des écrivains nationaux purs romains jusqu’à Varron et Lucrèce, dans tous les genres de la production poétique, y compris le poème didactique lui-même, tous s’étaient tenus à distance de leurs contemporains grecs ou de leurs prédécesseurs immédiats ; tous, sans exception; avaient puisé aux sources d’Homère, d’Euripide, de Menandre et des autres maitres de la littérature vivace et populaire de la Grèce ancienne. Jamais les lettres romaines n’ont eu la fraîcheur de la nationalité : encore est-il vrai que tant, qu’il y a eu un peuple romain, les écrivains de Rome ont pratiqué des modèles vivants et nationaux, et que sans copier dans la perfection les meilleurs, ils copiaient tout au moins d’après l’original. Les premiers imitateurs qu’ait eus.à Rome la littérature grecque post-Alexandrine (nous ne comptons point içi les essais en petit nombre du temps de Marius (V. pp. 101-102), se rencontrent parmi _les contemporains de Cicéron et de César`: à ce moment l’invasion se précipite irrésistible. La cause en partie git dans les faits extérieurs. Les contacts plus fréquents chaque jour avec la Grèce, les voyages des Romains accourant en foule dans les pays helléniques, l’aff1uence des lettrés grecs dans la capitale, créent tout naturellement un public, même en Italie, à toute la littérature grecque du moment, aux poèmes épiques et élégiaques, aux épigrammes, aux contes milésiens, qui circulent dans l’Hellade. Puis vient l’heure où,comme nous l’avons dit, la poésie des