Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

238 . LIYRE V, CHAPITRE XII 4 l’onde murmurante du ruisseau : ils marchent lents et puissants, semblables a un 1leuve·d’or liquide. Au point de vue philosophique et matériel, c'est encore a Ennius que Lucrèce se rattache, Ennius, le seul maitre qu’il ' célèbre dans ses chants. La profession de foi du poete de Rudies (IV, p. 244) est aussitout son catéchisme religieux: « Pour moi, je l'ai dit et le dirai toujours, il y a des » Dieux au ciel zmais je tiens qu’ils n’ont nul souci du ‘ » genre humain! » — C’estdonc à bon droit qu’il_s’an— nonce comme confirmant dans ses vers: ' l · , « Les chants de notre Ennius, qui le premier rapporta » du riant Hélicon la couronne a l’éternel feuillage, qui » lui fait une brillante auréole parmi les peuples de _ 1) l'lllB.ll€l 1 >> , . » Une fois encore, et pourla dernière fois, éclatent dans cette poésie étrange l’orgucil et la gravité des maitres du Vl° siècle : comme s’il se retrouvait face_à face avec le Car- thaginois terrible, avec les grands Scipions,le poète en de telles visions, semble transporté vivant en ces temps anciens,.bien plutot qu’ilne vit à son époque abatardie 2. . ' Le chant « qui s’épanclie gracieux de sa riche fantaisie, >> auprèsdes vers desautres poètes, résonne aussi à son oreille comme « le fugitif chant du cygne à coté du cri des grues. »iLui aussi en écoutant les mélodies qu’il invente, il sent son cœur se gonfler d’un espoir de gloire. Gomme Ennius enfin, qui promettait l’immortalité à ceux « à qui il versait les vers enflammés coulant de sa poi- ·` • . Ennius ul noster cecinit, quiprimus amœno · Detulil ez Helicone perenni fronde coronam, Per gentes I talas hominum quœ clara clueret. ` i I I · i · '· (De nat. rt I. 57 et s.; et Il. 118 et s.)] - 2 Quoi de plus naïf, en eflet, que ces peintures guerrières, de flottes brisées par les tempêtes, <l’éléphants furieux écrasant leurs [)I`0[)I`CS soldats, toutes images éVld€l'l1ll]€Ilt CIDPTIIIIÈÉCS (MIX gll0l‘I‘CS puniques?Lucrèce y`pa1·le comme s’il en était le témoin oculaire. — Cf. 2, 41; et 5, 1226, t303, 1339.