Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/51

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THA PSjUS V 39 grands hommes, fallait-il donc qu’un maniaque vint dire l’épilogue? Mais Caton n'est point mort en vain. Protesta— _ tion frappante et terrible de la république contre la mo- narchie, .le dernier républicain sortait de scene quand arrivait le nouveau roi : devant sa protestation se déchi- A raient comme toiles d’araignee toutes les soi-disant instis tutions modérées dont César enveloppait son trône: devant ‘ elle se mettait à nule mensonge hypocrite de ce schiboletlt · de la réconciliation des partis, de`cette prétendue égide I protectrice de la souveraineté césarienne. La guerre im- pitoyable que le spectre de la république légitime a menée I pendant des siècles contre la monarchie impériale, de ' Casslus et Brutus a Thmséas et à Tacite, et plus loin encore,' la guerre des complots et des belles-lettres, ne sont autres que le legs de Caton mourant a son ennemi. C’est de Caton que les opposants républicains tiendront leur — attitude de gens de haute caste, leur rhétorique transcen- dante , leur austérité ambitieuse, leurs opinions sans espoir et tidelement nourries jusqu’à la mort. A peine il n’est plus, que celui qui, de son vivant, ne fut pour eux le plus souvent qu’un jouet et qu’une cause de dépit, ils le transtigurent et l’honorent en saint. Mais de tous les hom- mages qu’il reçut, le plus grand sans doute futl’hommage involontaire de Cesar. Tandis que pour tous les autres, pompéiens et républicains, César n'avait qu’indulgence À dédaigneuse, pour Caton il tit exception; il le poursuivit jusqu’au tombeau de cette vigoureuse haine que les poli- tiques d'action ressentent d’ordinaire contre leursadver- saires dans le champ de l’idée, adversaires dangereux Àautant qu’impossibles à atteindre '. . A ‘ [V. supra, p. 35, u. 1. — César eùt·il fait mourir Caton, s'il l’eut vu tomber dans ses mains? Cela n’est pas à croire. En arri- vant à Utique et en apprenant sa mort, il s’écria que le stoïcien lui - avait dérobé le bonheur de pardonner à son plus noble et plus obstiné ennemi! Il frappa d’ailleurs de f0r1es amendes sur les villes qui lui avaient resisté,Thapsus, l-ladrumelte, Leptis, Thysdra,