Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
CŒUR MAGNANIME

de celui que l’on nommait jadis : le médecin des pauvres. À l’exemple de ses admirables parents, Mademoiselle Solier donnait sans compter, jamais on ne la sollicitait en vain. Sa bonté et sa charité étaient connues de bien loin, et de bien loin aussi on recourait à l’inlassable bienfaitrice. Ses aumônes absorbaient même la part du nécessaire.

Lorsque les saintes voyageuses frappèrent à la porte de Mademoiselle Solier, celle-ci se trouva un instant embarrassée, elle avait tant donné les jours précédents que sa cassette était presque épuisée, mais son bon cœur triompha bien vite de la difficulté ; elle appela à son aide le sacrifice. Sa charité allait atteindre le sublime… Elle ouvrit son secrétaire d’une main tremblante elle prit un petit écrin et en détacha un bijou de grand prix, qu’elle pressa longuement contre ses lèvres ; puis, étouffant un soupir, en hâte — de crainte de se laisser gagner par les regrets — elle revint auprès des religieuse et, d’un geste ferme, elle glissa dans l’aumonière qui se tendait vers elle le médaillon de Rodrigue !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Debout, sur le perron de sa demeure, et à cette même place où dix-huit ans plus tôt elle avait vu s’éloigner celui qu’elle avait tant aimé, elle suivit longtemps des yeux les humbles épouses de Jésus-Christ. « Qu’elles sont heureuses — murmura-t-elle. Ô mon Dieu ! que ne m’avez-vous toujours suffi !… »

Les saintes filles de Dieu ne furent pas peu surprises lorsque le soir elles trouvèrent parmi les oboles recueil-