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Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/11

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CŒUR MAGNANIME.

ques minutes la toilette fut achevée : du moment qu’il s’agissait de satisfaire l’enfant la bonne Antoinette, sa femme de chambre, y apportait toute la diligence possible. Tous les gens de service rivalisaient d’attachement pour cette douce petite fille qui savait si bien les payer de retour ; parmi ceux-ci Léocadie, la vieille cuisinière de la maison, les surpassait encore en tendresse ; elle était au service de la famille depuis deux générations, et malgré son âge, assez vénérable, elle ne désespérait pas de s’utiliser au profit d’une troisième. Elle aussi était ravie du retour de ses maîtres, seulement sa joie se manifestait d’une singulière façon : elle promenait, avec un certain emportement, et pour la dixième fois, son balai de crin sur les prélarts indemnes de poussière, de sa cuisine : avec la même brusquerie elle soulevait les couvercles des récipients qui encombraient le poêle et d’où se dégageait une appétissante odeur qui révélait son génie culinaire.

Léocadie bougonnait, mais là très sérieusement. Ce n’était, guère de circonstance ; il est vrai que c’était passé chez elle à l’état d’habitude, aussi son entourage ne s’en offusquait nullement et le lui pardonnait volontiers, car pour ses compagnons de service sa complaisance ne se lassait jamais.

Cette matinée-là, Léocadie grondait et raisonnait ainsi :

« J’cré qu’il chavire not maître… c’est-y du bon sens, j’vous demande un peu, de s’embarrasser de ce p’tit gas ?… À présent si m’sieur s’met à ramasser les quêteux abandonnés, ça va d’venir un asile icite… quéque ça peut ben être c’t’enfant-là ? paraît qui vient des vieux pays, qu’a dit mamzelle… hum ! quéque