toutes les délicates tendresses de son cœur aimant sur ses nouveaux maîtres, davantage encore sur la mignonne petite créature dont on lui confiait l’éducation. Anne-Marie, admirablement douée, lui rendait la tâche facile, ce qui ne l’empêchait point d’y apporter une scrupuleuse application.
La fillette, d’ordinaire si attentive et si docile, ne prêtait, ce matin-là, qu’une oreille des plus distraites aux explications de Mademoiselle.
— « Voyons, Anne-Marie, plus qu’un petit effort ; nous touchons au terme de notre leçon ; redites après moi : « il y a deux sortes de genres : le masculin et le féminin. »
La petite fille répéta la phrase, intercalée de nombreux soupirs. Enfin Mademoiselle, qui au fond brûlait de la même impatience que son élève, abrégea la leçon. Joyeuse, Anne-Marie sauta au cou de « Grande-Amie », comme elle se plaisait à la nommer en dehors des heures d’étude ; le titre était bien approprié, car alors, changeant de rôle, la jeune institutrice s’associait aux jeux de l’enfant. Ses gais vingt ans s’y prêtaient volontiers : la jeunesse et l’enfance s’harmonisent si bien ; n’est-ce pas toujours le même printemps !
— « Si nous partions, Grande Amie ? »
— « Mais, ma chère petite, nous serons trop à l’avance, il est à peine neuf heures et vos bons parents n’arrivent que par l’express de onze heures ; cependant pour vous contenter nous allons sortir, en attendant l’arrivée du train nous nous promènerons sur la terrasse, le temps vous paraîtra moins long ; allez vous faire habiller, mignonne. »
Anne-Marie ne se le fit pas dire deux fois ; en quel-