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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

du petit être ; celui-ci, à mesure qu’il grandissait, révélait une précoce intelligence ; aussi, Guéridou, tout en forgeant son fer, forgeait de même de beaux rêves d’avenir : « Son fils, lui, serait un vrai savant. » À cette pensée le cœur paternel se gonflait d’orgueil, il avait hâte de voir l’enfant avancer dans la vie pour jouir de ses succès. Il comptait, dès que Benoit serait en âge, mettre à profit la protection du député pour le faire entrer au lycée de Toulon.

La Louise, elle, s’appliqua à former l’âme de son fils avec la même sollicitude qu’elle apportait dans ces soins tendres et délicats dont seules les mères ont le secret. À l’encontre de son mari elle eût voulu le garder toujours petit, afin de pouvoir mieux le défendre contre les ravages de l’impiété, qui lui avaient ravi l’âme et le cœur du père.

Quand l’enfant fut en âge d’apprendre à lire, la Louise le mit à l’école du village, que dirigeait une toute jeune religieuse, la bonne sœur Mélanie, laquelle apportait dans sa tâche de dévoûment toute l’ardeur de sa jeunesse et tous les trésors de son cœur aimant. À cette même école se réunissaient tous les bambins des deux sexes. Sœur Mélanie eut, malgré elle, une petite préférence pour Benoit, il avait une mine si gentille, puis il était si docile ! La douce créature se reprochait bien un peu cette prédilection et ne manquait pas d’inscrire en marge de son examen de conscience cette « attache naturelle », la seule qui accaparât un peu ce cœur virginal. Néanmoins la petite âme de Benoit bénéficiait de cette pure affection, il était pieux et sage comme un petit ange du bon Dieu.

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