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Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/136

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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

bond ouvrit les yeux. — Mon fils — demanda le prêtre agenouillé auprès de lui — croyez-vous en la rémission des péchés et vous repentez-vous de votre crime ? — Le forgeron murmura quelques mots qu’on ne put comprendre, mais de grosses larmes coulèrent sur ses joues blêmissantes ; elles révélaient, mieux que des paroles, le sincère repentir de cette âme victime, comme tant d’autres hélas ! des mensonges d’ignobles sectaires.

Le ministre de Dieu leva sa main sur le front du coupable et prononça la sentence du pardon. À ce moment, comme pour ratifier l’absolution du prêtre, le soleil se montra à travers la déchirure d’un nuage, et un de ses rayons vint éclairer ce petit coin de l’univers, où la Miséricorde de Dieu, devancée par sa justice, venait, une fois encore, de se rencontrer avec le Repentir.

Par un suprême effort Marius Guéridou leva sa main défaillante qu’il posa sur la tête de son fils ; il regarda longuement la Louise ; enfin ses yeux se voilèrent : l’âme du forgeron venait de comparaître au tribunal divin !…

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La force morale, comme la force physique a une limite. À la longue, sous l’effet continuel de la lutte, les ressorts de l’âme se brisent : il n’y a plus qu’à mourir !

La Louise souffrait depuis trop longtemps, toutes les ressources de sa vaillante énergie étaient épuisées. Elle comprit qu’elle touchait au terme de son existence, alors elle pensa, elle aussi, à l’avenir de Benoit.