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LA RANÇON

Au revoir, ma sœur, priez bien pour moi et… pour lui ! »

Pendant que Marie-Louise s’éloignait, débordante de santé et de jeunesse, sœur Thérèse la suivait des yeux et murmurait, en joignant les mains dans un geste suppliant : « Mon Dieu, mon Dieu ! ne permettez pas cela, ah ! non, pas elle… »

Pour arracher l’âme de son père à l’empire de la triste passion qui le dominait chaque jour davantage, Marie-Louise, dans son héroïque pitié filiale, avait offert sa vie à Dieu.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

* * *

Sœur Thérèse venait de s’endormir. Son repos était, certes, bien gagné ; car la journée avait été des mieux remplies.

Entre les heures consacrées aux soins des bambins de l’asile, la digne fille de Saint-Vincent de Paul allait porter aux pauvres souffrants, qui ne pouvaient venir à elle, ses consolations et ses remèdes. Elle avait tant gravi d’étages ce jour-là que ses jambes, infatigables pourtant, ne la portaient plus. Cependant, avant de demander au sommeil la réparation de ses forces épuisées, la chère sœur avait bien longuement prié pour l’enfant chérie de son âme et pour la conversion du malheureux alcoolique, qui, sans sa coupable habitude, aurait fait, certainement, un honnête ouvrier et un excellent chrétien.

Tout à coup, elle fut réveillée par le timbre du dis-