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LA RANÇON

de l’épreuve effacera le passé et vous soutiendra dans les luttes du présent. »

L’infortuné père écoutait sa fille avec un religieux respect ; il se sentait en présence d’une sainte ; la grâce transformait déjà son cœur : il était converti !

La mourante reprit : « Vous romprez avec votre mauvaise habitude, n’est-ce pas ? Surtout je vous demande de revenir aux sentiments chrétiens, qui faisaient autrefois l’honneur et la joie de votre vie.

— Devant Dieu qui nous voit et nous entend, ma fille, je te le jure, dit l’homme en levant sa main tremblante vers le crucifix appendu à la muraille de l’alcôve.

— Je voudrais — dit Marie-Louise — vous adresser une prière !

— Parle, mon enfant aimée, tes volontés seront sacrées pour moi.

— « Quittez la ville, elle ne peut qu’être dangereuse pour votre âme ; ses séductions et ses tentations vous enlaceraient malgré vous dans ses pernicieux filets. Vous seriez encore vaincu. Redevenez le paysan de naguère. Retournez à la terre ; elle sera votre plus sûre amie et votre meilleure sauvegarde. Auprès d’elle vous retrouverez les pieuses traditions et la foi bénie de votre enfance, dont elle est la vigilante gardienne. »

Il dit : je partirai…

— Oh merci ! — répondit la malade — et portant à ses lèvres, glacées déjà par l’approche du trépas, la main caleuse de l’ouvrier. — Elle murmura : À présent, père, je puis mourir car vous êtes sauvé !

Ce furent ses dernières paroles

Quelques heures plus tard les célestes phalanges comptaient dans leurs rangs un ange de plus !

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