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LA RANÇON

l’Église. Dans son cœur le bon vieux prêtre la canonise déjà et dans ses difficultés il lui arrive bien souvent d’appeler à son secours l’ancien « petit agneau » de son humble bercail. Le sacrifice de Marie-Louise porte ses fruits. Son père est un des plus zélés apôtres de la ligue de la tempérance. Il a déjà entraîné à sa suite presque la moitié des hommes de son village, et il dit qu’il ne veut pas mourir avant de les avoir tous enrôlés. C’est là son œuvre par excellence. Il lui consacre sa vie, son temps, son argent et tout son cœur !

Tout dernièrement le père Rancurel écrivait à la chère sœur Thérèse dans une orthographe des plus fantaisistes mais où son âme simple, bonne et naïve se révèle tout entière, la touchante lettre suivante :

Ma chaire seure

Je viens par la praisante vous aprandre une bone nouvelle qui j’en suis certain vous fera un grand plaisier. Ce matin j’ai été élu, à l’unanimité par le conseil de la société de tamperance « praisident » de la dite société. Ça vous prouve qu’on est un home qui tient ses praumesses…

Monsaignieur l’Evaique est venu présider la çairémonie : Il a dit comme ça. « La société de la tempérance est uniquement compausée d’homes de cœur et de courage. C’est une falange d’élites qui fait honeur à la Patrie, vous, mon chair ami, par votre bone conduite, votre sobriaité, votre piété, voue avé mérité d’être nomé « génairal » de ce vaillant bataillon ; je vous en failicite. Ne vous arrêté pas dans cette voix glorieuse. Enrôlé dans votre noble sociaité de nou-