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CŒUR MAGNANIME

C’est encore à vous, que sur sa prière, je m’adresse, Mademoiselle ; à vous la plus atteinte dans cette triste circonstance, à vous la délaissée ! pour obtenir de vos parents le consentement à l’union dont je vous parle. Ce mariage, je le prévois, va leur causer un bien grand chagrin à eux aussi ; car désormais il retiendra loin d’eux l’enfant aimé qu’ils avaient tant hâte de revoir à leur foyer.

Peut-être savent-ils à présent que le bonheur de leur fille si chère reposait tout entier dans ce joyeux retour ? En ce cas il me faut faire appel à leurs sentiments chrétiens pour obtenir le pardon du pauvre coupable. Je suis certain qu’au nom très miséricordieux de notre Père du ciel ils se laisseront fléchir en faveur de l’enfant prodigue. Vous êtes si pieuse et si bonne que j’ose compter sur votre indulgente pitié à l’égard de l’infidèle qui, je le sais, vous aime toujours et vous regrette.

Je demande à l’Éternel Ami, à Celui dont l’amour ne faiblit jamais, de vous soutenir dans ce douloureux choc. Que votre grande âme, à cette heure de désespérance, se tourne vers Lui ; Il fera descendre en cette pauvre âme meurtrie un de ses effluves de tendresse dont son divin Cœur surabonde et qui relèvent et consolent des plus accablantes douleurs et des plus amères désillusions… Dieu, très souvent, marque ses privilégiés du sceau de la souffrance : est-ce payer trop cher cette ineffable intimité ? Puisse-t-elle vous dédommager bientôt du cruel délaissement de celui que vous aimiez et que, sans doute, vous aimerez encore, car c’est le propre des grands cœurs de pardonner en aimant…

Croyez en ma très haute estime. Je prierai pour vous.

Aimé de Montaigu.