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CŒUR MAGNANIME

c’est ce que je demanderai à Dieu dans mes quotidiennes prières. Puisse-t-elle être le prix de mon intime souffrance ! Votre joie sera la mienne et peut-être trouverai-je en elle la plus douce compensation à mon abandon.

Et maintenant, si j’ai encore quelque influence sur toi, laisse-moi t’adresser une prière : dès que ton stage à Paris sera accompli et si ta jeune femme ne s’y refuse pas, reviens auprès de nous ! Je te le demande au nom de nos vieux parents : ils approchent à grands pas de la tombe, ils y descendraient avec moins de regrets s’ils pouvaient achever leurs derniers jours environnés de leurs enfants. Après tu pourrais t’en retourner en France ; je ne te retiendrai pas, mais, de loin comme de près, ma tendresse pour toi ne faiblira pas.

Adieu, À Dieu ! à Lui je confie votre commune destinée et je vous presse sur mon cœur qui ne cessera jamais de vous aimer.

Anne-Marie.

Lorsque Rodrigue lut cette lettre il comprit qu’Anne-Marie avait pleuré en l’écrivant, car chaque ligne portait l’empreinte de ses larmes. Alors il sentit se réveiller en lui tout le feu de son premier amour. Dans un élan de respectueuse tendresse il porta la chère missive à ses lèvres et murmura dans un accent de douloureux regret : « Ah ! cœur magnanime, quel trésor je perds en toi ! » …

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