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CŒUR MAGNANIME

On était au matin du huitième jour : dans quelques heures l’avenir des deux jeunes gens allait se décider. Anne-Marie avait déjà prononcé le « oui » en son cœur, elle avait hâte de le dire à son fidèle ami. Elle l’attendait, débordante de reconnaissance et de tendresse, toute rassérénée par son nouveau bonheur.

Elle était aimée, plus encore peut-être qu’elle l’avait été naguère ! Ce cœur, qui s’inclinait si tendrement vers le sien, était, elle le savait, le cœur le plus aimant, le plus loyal, le plus fidèle : comme il ferait bon de s’appuyer sur lui… Et elle bénissait Dieu, qui, ayant prévu son délaissement, lui réservait un si noble ami pour achever avec lui, dans un paisible bonheur, son exil ici-bas.

Pauvre petite Anne-Marie, la félicité ne devait pas être son partage ; du moins elle ne devait pas l’attendre de la terre, car elle allait de nouveau se trouver en face du sacrifice ! …

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La matinée touchait presque à sa fin. C’était l’heure où, selon son habitude, Anne-Marie dépouillait le courrier de son père. La vue du vieux docteur, affaiblie par l’âge, ne lui permettait plus d’accomplir ce travail. La jeune fille s’était constituée son secrétaire : il ne pouvait, certes, en avoir de plus dévoué et de plus discret… Soudain elle pâlit ! parmi les nombreuses lettres reçues ce jour-là elle en remarqua une qui la fit tressaillir ! elle venait de reconnaître l’écriture de l’abbé de Montaigu.