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CŒUR MAGNANIME

VII


Le vieux docteur Solier et sa douce et aimante compagne pleurèrent bien longtemps l’enfant de leur adoption, qu’ils avaient aimé comme s’il eût été de leur sang. Cependant ils puisèrent dans leur foi profonde, et surtout dans cette joyeuse certitude de « l’éternel revoir » en cette commune et céleste Patrie, où nos chers disparus nous devancent, la force et le courage de survivre à l’épreuve.

On attendait la jeune veuve. Consciente de sa faiblesse et de son inexpérience, Odile n’avait pas hésité à obéir aux volontés dernières de son mari. Elle savait bien qu’en ceci le but du cher mourant avait été de lui alléger sa future tâche maternelle. Elle se sentait poussée malgré elle, vers cette sœur si dévouée et si bonne dont Rodrigue lui parlait si souvent.

Elle avait bien ses parents ; mais ceux-ci, depuis le mariage de leur fille, étaient retournés en leur pays natal ; d’ailleurs, comme le lui avait dit Rodrigue, eux aussi approchaient de leur déclin, et, de plus, dans leur tendresse aveugle, ils auraient été incapables de seconder Odile dans son rôle d’éducatrice et d’inculquer à son enfant ces vertus solides qu’ils n’avaient pas su lui enseigner à elle-même.

Dès les premiers jours de son triste veuvage, la pauvre Odile partit. Justement un ancien camarade de