Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cœur magnanime

I


Dans une des jolies résidences de la Grande Allée, quartier « select » de Québec, il régnait ce jour-là une véritable animation ; on attendait les maîtres du logis, absents du pays depuis de longs mois. Des questions d’intérêts les avaient appelés en France et retenus au-delà de leur désir. Partis aux premières semaines de l’hiver, deux saisons s’étaient presque écoulées depuis leur départ. On touchait au terme de l’été : aussi leur retour était-il accueilli avec enthousiasme par leurs parents et nombreux amis.

La plus impatiente était encore Marie-Anne, une délicieuse fillette de cinq ans, blonde comme l’épi mûri, avec des grands yeux couleur de bleuets. Au moment où s’ouvre notre récit, nous la trouvons assise auprès de « Mademoiselle », une jeune bretonne, amenée de France l’année précédente, en qualité d’institutrice, par une famille américaine de Boston, amie de celle qui nous occupe aujourd’hui, et à laquelle ses maîtres l’avaient cédée sans trop de résistance. Comme ils étaient protestants et la jeune fille catholique, ils avaient compris qu’il serait plus avantageux à cette dernière, à cause de sa religion, de vivre auprès de leurs amis qui partageaient les mêmes croyances.

Cette jeune fille, sevrée de bonne heure des pures affections du foyer, seule en ce monde, concentrait