meure maîtres et serviteurs récitaient en commun. Il ne devait pas l’achever ; ou plutôt il devait la continuer dans le ciel : La mort le surprit à genoux ! On a dit : telle vie, telle mort ; celle de ce fervent chrétien était le digne couronnement de son existence qui n’avait été qu’un long acte de foi et d’amour…
Ce trépas si beau, mais si imprévu, acheva de briser la fragile enveloppe de l’aimante compagne du docteur Solier : huit jours plus tard, Anne-Marie pleurait sa mère tant aimée.
Nous savons, nous chrétiens, que Dieu ne nous éprouve jamais au-delà de nos forces, et qu’il proportionne toujours la croix à la faiblesse de nos épaules. Anne-Marie était une vaillante : Dieu la traitait comme telle. Il burinait sa grande âme, comme Il forme les saints, à l’école de la douleur et du sacrifice. Après chaque nouvelle épreuve la courageuse jeune fille se redressait plus virile et plus généreuse encore. À ceux qui la plaignaient sur sa triste et précoce solitude elle répondait avec une angélique douceur : mais je ne suis pas complètement seule ; Dieu ne chemine-t-Il pas avec nous ? »
La fidèle Léocadie suivit de près ses chers maîtres. Ses vœux avaient été comblés : elle avait pu bercer sur ses genoux la « troisième génération ». « À présent — disait-elle dans son naïf langage — j’veux ben aller voir le bon Dieu ; il est grand temps que j’me repose, mais pas icite : Là Haut, » et elle montrait le ciel.