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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/148

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Car le premier Vaudois en lui venait de naître.
Seul, joyeux, libre et fier, il ose comparaître !
« Eh bien ! demandait-on, qu’espérez-vous, Davel ?
— « La liberté, seigneurs, que nous promet le ciel !
— « Vous pensez noblement, reprirent des voix graves,
» Nous aimons parmi nous à voir des hommes braves !
» Mais ton bras n’est pas fort. Pour sonner le réveil,
» De la mort, des combats, où donc est l’appareil ?
» Penses-tu sans boulets faire tomber ta chaîne,
» Et briser des Deux-Cents la verge souveraine ?
» Tous tes brillants soldats ne sont pas valeureux,
» Malgré leur noble orgueil et leurs drapeaux soyeux.
» En face du trépas, penses-tu que leur bouche
» Puisse encor, sans trembler, déchirer la cartouche ?
» Renonce à tes projets, abats cet étendard
» Que le soleil du soir montre sur les remparts. »
— « Vos doutes, dit Davel, pour moi sont une injure,
» Car, pour la liberté, je mourrai, je le jure.
» Eh ! qu’importe le nombre et la longueur des bras !
» L’ours peut nous déchirer, mais ne nous vaincra pas.
» Dieu ne mesure point au tranchant des épées
» La justice des droits ; les nôtres sont trempées
» Dans les pleurs de l’esclave ! Il faut nous racheter ! »
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Davel parlait ainsi, plein d’un bouillant courage.