Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/66

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Prologue.



Au ciel te souviens-tu, mon aïeule chérie,
De ce soir automnal de paix, de rêverie,
Où près du Livre d’or de Celui que tu sers,
Assise à ton rouet, tu me disais tes vers ?
Ta voix tremblante et douce, arrivant à mon ame,
Y rallumait soudain une céleste flamme,
Et penché sur le bras d’un fauteuil de douleurs,
Dans ma honte d’enfant dissimulant mes pleurs,
J’écoutais, attentif, ta charmante élégie.
Oui, mon ame ignorante en comprit la magie.
Dès lors j’eus une lyre, et le premier accord
Qu’en a tiré ma main fut pour pleurer ta mort…
Mais aussi j’ai voilé la Muse qui m’inspire,
Car nul autre, après toi, n’encouragea ma lyre.
Accepte donc ces chants intimes, sérieux,
Et s’ils restent dans l’ombre épure-les aux cieux !