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Page:Monnier - Les Contes populaires en Italie, 1880.djvu/19

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CONTES POPULAIRES EN ITALIE
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M. Pitrè cite encore beaucoup de narrateurs des deux sexes qu’il trouve médiocres, ou du moins inférieurs ; les mieux doués sont ceux ou plutôt celles que nous venons de nommer. Les femmes l’emportent de beaucoup sur les hommes ; elles ont plus de charme et d’imagination, sans doute aussi plus de temps, peut-être encore (en Sicile au moins) plus de langue.

Mais c’est assez parler des narrateurs, il est temps d’en venir aux narrations. Ce qu’on y rencontre tout d’abord, c’est la fantaisie et le merveilleux ; nous avons là des contes et nullement des nouvelles. Le peuple comme les enfants n’aime pas la prose et ne s’intéresse guère aux réalités de chaque jour. La poésie qui le frappe n’est pas simple, enfermée dans un enclos, reléguée au foyer ; la littérature potagère et casanière de certains romanciers lui serait insupportable. Est-il vrai que Graziella se soit intéressée à l’histoire de Paul et de Virginie ? Le poète s’est peut-être mal souvenu. Ces filles de Naples préfèrent l’Arioste à toutes les études de mœurs et surtout à toutes les études de cœur : il leur faut des enchanteurs, des dragons, de grands coups d’épée et des voyages à la lune. Aussi est-il très-peu question d’amour dans les contes siciliens, ou du moins la passion n’est jamais le sujet du récit ; on se contente de la signaler et l’on se garde bien de l’analyser : l’essentiel est de montrer dans quelles aventures, dans quelles infortunes cette passion jettera le héros et l’héroïne. Quant à l’amour même, on l’abandonne aux poètes lyriques, aussi nombreux en Sicile que les conteurs.

Ces rimeurs de carrefour, la plupart illettrés et anonymes, composent des rispetti qu’ils ne sauraient écrire : ce sont en général des strophes de huit vers,