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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

belle jeune fille blonde vêtue de rose, c’est que l’aurore, également rose, remplace la lune, également blanche, quand la nuit s’en va. Le jeune prince qui court après Cendrillon, celui qui épouse la Chatte blanche sont des soleils errants : ainsi le veut l’école de M. Max Müller. Qu’en diraient Perrault et le bon La Fontaine ?

Il existe à Naples un Christ miraculeux sur le front duquel repoussent des cheveux chaque année : un auteur allemand a reconnu dans ce tour de passepasse un mythe solaire ; autant vaut croire au miracle ; les naïfs qui l’admettent ne se piquent pas du moins d’être savants.

Tout en résistant aux abus de cette théorie, il faut lui savoir gré des études qu’elle a suscitées et des faits très-curieux qu’elle a découverts. Les contes siciliens contiennent quantité de figures et d’images, de symboles peut-être qui leur viennent de l’Orient : la Belle à l’étoile d’or, les Sept montagnes d’or, les Sept cèdres, les femmes blanches comme la neige et rouges comme le sang, les chevaux ailés, les vaches qui filent, les oiseaux qui parlent et les hommes qui les comprennent, les duels sans nombre contre des monstres représentant la lutte éternelle des ténèbres et de la lumière, du bien et du mal. Quelques-uns de ces contes appartiennent-ils, comme on le voudrait, à l’époque où nos races formaient une seule famille, à la période qui précéda l’émigration des aryens ? C’est bien difficile à prouver, si c’est séduisant à croire. Il y a toutefois des analogies frappantes entre certains récits recueillis par M. Pitrè et ceux des recueils indiens qu’on recherche et qu’on publie si activement de nos jours. Une des plus agréables histoires de la Messia est celle du perroquet conteur.