Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/27

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était de ma part une dette personnelle. Je n’ai pas cru pouvoir mieux honorer et servir sa mémoire qu’en rappelant simplement ce qu’il a fait, et en montrant combien noble et pure a été l’inspiration de ses œuvres et de sa vie. Je laisse à d’autres et à l’avenir le soin de les passer au crible et de décider quelles furent ses fautes, comme écrivain et comme savant.

Pour moi, je ne puis songer qu’à une chose aujourd’hui, c’est à l’impression laissée dans mon esprit par la lecture de ses livres. Ceux dont l’enfance et l’adolescence se sont écoulées pendant les douze premières années du second empire se rappelleront toujours la froideur et le morne ennui qui accablait les âmes pendant cette triste époque. La jeunesse, l’enthousiasme, l’espérance, qui avaient rempli les cœurs avant et après 1830, semblaient éteints à jamais ; les artistes, les écrivains qui avaient fait la gloire de la première moitié du siècle étaient vieillis