Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/30

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la superstition. Enfin, il m’a montré comme la plus noble des vocations celle d’enseigner l’histoire, d’enseigner la France, de servir d’intermédiaire, de lien et d’interprète entre la France d’hier et celle de demain. Aussi le sentiment que j’éprouve pour lui n’est-il pas celui du disciple pour un maître dont il adopte les doctrines, suit la méthode et continue l’œuvre ; c’est un sentiment moins étroit, plus profond aussi et plus tendre, une sorte de reconnaissance filiale envers celui chez qui j’ai toujours trouvé de nobles inspirations et de paternels encouragements.

C’est là le seul rôle que pouvait jouer Michelet. Il était, il est encore par ses écrits, un inspirateur ; il ne pouvait pas devenir un maître. Sa manière de penser et d’écrire était trop individuelle, l’imagination et le cœur y avaient une trop grande part. Il n’avait point eu de maître, il n’aura pas de disciples. Il serait aussi puéril et