Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/31

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dangereux de vouloir imiter ses procédés de composition que de vouloir imiter son style. Il n’avait point de méthode qu’il pût enseigner et transmettre, car il ne procédait que par intuition et par divination. Le génie ne s’enseigne pas. Même à l’École Normale, il fut im merveilleux excitateur des esprits, plutôt qu’un professeur. Plus tard, au Collège de France, il se méprit même, à ce qu’il semble, sur le rôle qu’il était appelé à jouer. Il transforma sa chaire en une tribune, il chercha moins à instruire la jeunesse qu’à l’enthousiasmer ; et il contribua, comme l’avaient fait avant lui Villemain, Cousin et Guizot, à dénaturer le caractère de notre enseignement supérieur en transformant les leçons en morceaux oratoires, adressés non à une élite studieuse, mais à la foule.

Michelet n’a pas formé plus d’élèves par ses livres que par son enseignement. Il a laissé des chefs-d’œuvre à admirer,