Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/42

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religieux, la foi en Dieu et en l’immortalité qui, à travers toutes les variations de sa pensée, devait se manifester dans toutes ses œuvres et persister jusqu’à son dernier soupir. C’était l’Imitation de Jésus-Christ :

« Je n’avais encore aucune idée religieuse… Et voilà que dans ces pages j’aperçois tout à coup, au bout de ce triste monde, la délivrance de la mort, l’autre vie et l’espérance. La religion reçue ainsi, sans intermédiaire humain, fut très-forte en moi. Comment dire l’état de rêve où me jetèrent ces premières paroles de l’Imitation ? Je ne lisais pas, j’entendais… comme si cette voix douce et paternelle se fut adressée à moi-même. Je vois encore la grande chambre froide et démeublée, elle me parut vraiment éclairée d’une lueur mystérieuse… Je ne pus aller bien loin dans ce livre, ne comprenant pas le Christ, mais je sentis Dieu. »

En même temps s’éveillait en lui l’amour de l’histoire et le sentiment de sa vocation future.

« Ma plus force impression, continue-t-il, après celle-là, c’est le_musée des monuments français… C’est là, nulle autre part, que j’ai reçu d’abord la vive impression de l’histoire. Je remplissais ces tom-