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DEDICACE. III

en âge ont été inspirés par une pensée noble. Tous les grands artistes, certes , n’ont pas été des saints ni même des hommes vertueux, mais leurs faiblesses n’avaient pas détruit la beauté native de leur âme, et leurs chefs-d’œuvre ont été créés dans des moments de vertu ou même de sainteté. L’écrivain et l artiste dont l'âme ri est point pénétrée par T amour désintéressé du vrai et du beau, qui subordonnent leur effort au goût de la foule, et qui ne recherchent que le succès du moment et les récompenses de la vanité et de l' argent, condamnent d’avance leurs œuvres à l'oubli. Que de livres vantés aujourd’hui comme des merveilles d’art et de style et que la postérité méprisera pourtant, parce qu’ils sont dépourvus de pureté et de noblesse ! Vous nous avez appris à mieux comprendre et à admirer davantage quelques-uns des hommes dont la vie et les œuvres nous ont consolés des tristesses et des bassesses de l’heure présente. Puissent les esquisses que j’ai dessinées ne point paraître trop indignes d’êtres mises à côté des portraits plus achevés que vous avez peints d’une touche si délicate et si sûre !

G. MONOD.