Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/112

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le génie de La Fontaine, grec et flamand, à celui du siècle. » Là-dessus il partit pour Paris où l’attendait une nomination qui équivalait à une révocation.

Ainsi trempé pour la lutte par la longue habitude de l’effort et de la méditation solitaires et par une série de déboires stoïquement supportés ; ainsi armé de tout un arsenal de connaissances précises, patiemment accumulées depuis des années ; ayant déjà dans l’esprit, sinon la formule, du moins la conception très nette des idées génératrices de son œuvre entière, Taine se trouvait brusquement rejeté hors de l’Université et obligé de se vouer à la carrière d’homme de lettres. Si M. Fortoul priva l’Université d’un admirable professeur, il faut reconnaître qu’il rendit à Taine un signalé service en le délivrant de liens professionnels qui eussent entravé le libre essor de son génie, ou du moins restreint le nombre et la variété de ses travaux. Mais Taine regretta l’enseignement et resta si persuadé des services qu’il rend au professeur lui-même en l’obligeant à trouver les voies les plus sûres et les plus directes pour faire pénétrer ses idées dans d’autres cerveaux, qu’il se chargea, dès qu’il fut à Paris, d’un cours dans l’institution