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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/116

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Fontaine il s’était montré versé dans l’histoire du XVIIe siècle et familier avec Saint-Simon et La Bruyère. Le 31 décembre 1853, son Tite-Live était déposé à l’Institut. M. Guizot fut chargé du rapport et recommanda chaleureusement son jeune ami aux suffrages de l’Académie. Mais ses conclusions rencontrèrent une vive résistance. On trouvait à reprendre dans l’Essai sur Tite-Live un ton trop peu respectueux à l’égard des grands hommes, trop de goût pour l’école historique moderne, pour Michelet en particulier et pour Niebuhr ; et surtout on ne pouvait admettre cette phrase sur Bossuet : « Il résumait l’histoire avec un grand sens et dans un grand style, mais pour un enfant et la parcourait à pas précipités »[1]. Ce pour un enfant fut le tarte à la crème de l’Académie. Après de vives discussions, le concours fut prorogé à l’année 1855. Taine corrigea les passages incriminés, supprima « pour un enfant » et fut couronné. Le rapport très élogieux de M. Villemain, tout en regrettant que le candidat n’eût pas été assez sensible aux mérites littéraires de Tite-Live, le félicitait de « ce noble et savant début » et souhaitait

  1. Lettre à Paradol du 3 juin 1854.