Aller au contenu

Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« de tels maîtres à la jeunesse des nos Écoles ». L’Académie, oublieuse de ses propres scrupules d’antan, trouvait piquant de protester discrètement contre les rigueurs de M. Fourtoul ; mais une surprise l’attendait. En 1856, l’Essai sur Tite-Live paraissait avec une préface d’une demi-page débutant par ces lignes : « L’homme, dit Spinoza, n’est pas dans la nature comme un empire dans un empire, mais comme une partie dans un tout, et les mouvements de l’automate spirituel qui est notre être sont aussi réglés que ceux du monde matériel où il est compris. » L’Académie s’était réjouie de la docilité de son lauréat, et voilà qu’elle se trouvait avoir couronné, non un livre de critique littéraire, mais un traité de philosophie déterministe. Elle en éprouva, non sans raison, quelque dépit, et elle devait, dix ans plus tard, le faire sentir à l’auteur de l’Histoire de la Littérature anglaise.

Après avoir vécu pendant six ans dans une tension cérébrale continue, et fourni coup sur coup une telle succession d’efforts intellectuels, au commencement de 1854, Taine tomba épuisé. Il éprouva une de ces incapacités de travail dont il eut souvent à souffrir dans la suite, en particulier, en 1857 et en 1863. Il