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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/130

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ce que Spinoza avait exposé en géomètre ; Caro lui reprochait de revêtir des formules de Hegel le naturalisme de Diderot. Personne, sauf Cournault dans la Correspondance littéraire, ne paraît avoir bien saisi sa théorie sur l’identité de l’id-ée de cause et de l’idée de loi, ni compris que son système, loin d’être un mélange hybride de métaphysique allemande et d’idéologie française, était parfaitement cohérent, solidement construit et en partie nouveau. Tous d’ailleurs, à l’exception de Cournault, étaient d’accord pour le blâmer de vouloir appliquer des classifications, des méthodes et des formules scientifiques à la critique littéraire et à l’histoire, et pour condamner son système, tout en admirant son talent.

Taine avait une foi trop candide dans la puissance de la vérité pour aimer la polémique. Il croyait que le vrai doit triompher tôt ou tard par sa seule vertu, et que les polémiques, qui transforment les luttes de doctrines en querelles de personnes, ne font qu’obscurcir les questions. Il ne répondit aux objections que par des œuvres nouvelles. Il publia en 1858 un volume d'Essais de critique et d’histoire, en 1860 La Fontaine et ses Fables, et une deuxième édition légèrement adoucie des Philosophes fran-