de porcs de Chicago ; et, tout en admirant la verve de Graindorge et la profondeur philosophique de quelques-uns de ses traits satiriques, on fut bien aise de retrouver le vrai Taine dans le volume complémentaire de la Littérature anglaise, paru en 1867, et consacré à l’époque contemporaine.
Cette œuvre achevée, bien des projets s’agitaient dans son cerveau. Il traça le plan d’un livre sur les Lois de l’Histoire, puis d’un autre sur la Religion et la Société en France au XIXe siècle. Enfin, il se décida à donner au public le livre qu’il méditait et auquel il travaillait sans cesse depuis 1851, sa Théorie de l’Intelligence. Il s’y consacra tout entier en 1868 et 1869 et l’ouvrage parut en janvier 1870. C’est l’œuvre maîtresse de Taine par la force et l’originalité des idées, par la solidité de la construction, par la fermeté et l’austère beauté du style. Tous les travaux de psychologie qui ont été entrepris depuis lors sont tributaires de cet ouvrage magistral, que les découvertes ultérieures de la science n’ont fait que confirmer dans presque toutes ses parties. Ce livre était si bien le fruit naturel et lentement mûri de tout le développement intellectuel de Taine que sa composition, loin d’être une fatigue,