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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/144

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, passer de longs mois à la campagne sur les bords du lac d’Annecy, dans cette charmante propriété de Boringe qu’il acquit en 1874, où il trouvait, avec un renouveau de vigueur, le calme indispensable pour mettre en œuvre les matériaux accumulés à Paris pendant l’hiver, et où sa famille et ses amis jouissaient délicieusement, dans de longues et libres causeries, des trésors de son cœur et de son esprit, répandus sans compter avec une bonne grâce toujours souriante.

Ce bonheur domestique, ces joies intimes allaient lui être particulièrement nécessaires dans les jours troublés qui se préparaient pour la France et qui devaient lui imposer une tâche inattendue et accablante. Une fois sa psychologie théorique fixée dans le livre de l’Intelligence, il songeait, comme diversion à ce grand effort d’abstraction, à revenir aux choses concrètes et vivantes, en continuant les études de psychologie sociale, les observations de mœurs qui étaient à ses yeux la base même de la philosophie et de l’histoire. Il avait rapporté d’un long séjour en Angleterre, en 1858, des notes abondantes, qu’il devait publier en 1872 après les avoir complétées dans un second voyage en 1871. Graindorge est un