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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/193

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toujours dans le même sens. Ce qu’on peut lui reprocher, c’est d’avoir trop simplifié le problème, d’en avoir négligé certains éléments, d’avoir, malgré l’abondance des faits réunis par lui, laissé de côté d’autres faits qui leur servent de correctifs, d’avoir, en un mot, poussé au noir un tableau déjà sombre en ; réalité. Ce qu’il y a d’exagéré dans l’ouvrage de Taine, vient à la fois de son amour pour la France et du peu de sympathie naturelle qu’il avait pour son caractère et ses institutions. Il était vis-à-vis d’elle comme un fils tendrement dévoué à sa mère, mais qui serait séparé d’elle par de cruels malentendus, par une foncière incompatibilité d’humeur, et à qui son amour même inspirerait des jugements sévères et douloureux. La nature sérieuse de Taine, ennemie de toute frivolité mondaine, sa prédilection pour les individualités énergiques, sa conviction que le progrès régulier et la vraie liberté ne peuvent exister que là où se trouvent de fortes traditions, le respect des droits acquis et l’esprit d’association allié à l’individualisme, tout chez lui concourait à lui faire aimer et admirer l’Angleterre et à le rendre sévère pour un pays enthousiaste et capricieux, où la puissance des habitudes sociales émousse l’originalité