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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/194

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des caractères, où le ridicule est plus sévèrement jugé que le vice, où l’on ne sait ni défendre ses droits ni respecter ceux d’autrui, où l’on met le feu à sa maison pour la reconstruire au lieu de la réparer, où le besoin de tranquillité fait préférer la sécurité stérile du despotisme aux agitations fécondes de la liberté. La France a inspiré à Taine la cruelle satire de Graindorge ; l’Angleterre le plus aimable et le plus souriant de ses livres : les Notes sur l’Angleterre. Les poètes anglais étaient ses poètes préférés, et, comme philosophe, il est de la famille des Spencer, des Mill et des Bain.

Telle a été la raison de la sévérité excessive de ses jugements sur la France de la Révolution. À les prendre au pied de la lettre, on serait tenté de s’étonner que la France soit encore debout après cent ans d’un régime aussi meurtrier, et l’on est surpris qu’un déterministe comme Taine ait paru reprocher à la France de ne pas être semblable à l’Angleterre. Mais, après avoir reconnu ce qu’il y a d’exagéré et d’incomplet dans son point de vue et dans ses peintures, il faut rendre hommage, non seulement à la puissance et à la sincérité de son œuvré, mais aussi à sa vérité. Il n’a pas