Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/217

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normale qui avait été supprimée en 1822, et résolut par raison d’économie de confier à un seul maître l’enseignement de l’histoire et celui de la philosophie, Michelet se mit aussitôt sur les rangs. Cet enseignement paraissait fait pour lui, qui menait de front depuis quatre ans son enseignement historique et ses études personnelles de philosophie. Il fut nommé en février 1827. Il conçut immédiatement ses deux cours comme les deux parties inséparables d’un même enseignement. Sa première leçon fut une introduction générale aux deux cours. Il veut que l’histoire et la philosophie se prêtent un mutuel secours. L’histoire étudiera les faits, la philosophie les lois, l’histoire l’homme collectif, la philosophie l’homme individuel. En effet, tandis que son cours de philosophie est un cours de psychologie et de morale, celui d’histoire est une histoire de la civilisation, où il cherche à dégager le caractère des divers peuples et leur évolution religieuse. Il montre l’humanité comme l’individu passant de la spontanéité à la réflexion, de l’instinct à la raison, de la fatalité à la liberté. On voit naître dans son esprit la conception philosophique qui dirigera tous ses travaux historiques : l’histoire est le drame de la lutte entre