Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/228

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vague et hybride de la chaire d’histoire et de morale semblait justifier d’avance un enseignement où les idées générales auraient plus de place que les faits, où de hardies synthèses remplaceraient les procédés patients de la critique. À côté de Michelet se trouvaient Quinet et Mickiewicz[1], qui, comme lui, se crurent appelés au Collège de France à une sorte d’apostolat philosophique et social. Les trois professeurs formèrent une espèce de triumvirat intellectuel, dont l’action fut immense sur la jeunesse de l’époque. Cette activité nouvelle eut sur Michelet une influence décisive que vinrent encore fortifier les événements de la vie publique. À partir de 1840, la monarchie de Juillet adopta une politique d’immobilité, de résistance à tout progrès, qui devait fatalement amener à une catastrophe, en jetant un grand nombre d’esprits généreux et libéraux dans des opinions extrêmes et des tendances révolutionnaires. Michelet fut de ce nombre. Fils du XVIIIe siècle, il voulut combattre l’influence cléricale ; il publia son cours sur les Jésuites

  1. Quinet, poète, historien, philosophe, enseignait l’histoire des littératures du midi de l’Europe. Mickiewicz, le grand poète polonais, occupait la chaire de langue et de littérature slaves.