Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(1843)[1], et le Prêtre, la Femme et la Famille (1845), livre d’analyse psychologique fine et profonde, où, comme dans ses cours, la prédication morale prenait l’histoire pour base. Sorti des rangs du peuple et fier de son origine, il combattit à côté des apôtres socialistes dont il ne partageait pas, du reste, les utopies, et exposa dans le Peuple (1846) les souffrances, les aspirations et les espérances du prolétaire et du paysan. Né sous la Révolution et habitué dès l’enfance à voir en elle le salut du monde, il voulut l’enseigner aux générations nouvelles telle qu’il la voyait, comme un évangile de justice et de paix, et il écrivit son Histoire de la Révolution, dont le premier volume parut en 1847. À vrai dire, et malgré les innombrables et minutieuses recherches sur lesquelles cet ouvrage est appuyé[2], ce n’est pas une

  1. Quinet et Michelet avaient pris l’un et l’autre les Jésuites pour sujet de leur cours, et firent paraître ce volume en commun, les idées développées par Michelet dans ce cours n’étaient pas nouvelles chez lui. Nous les retrouvons dans des notes de l’École normale de 1831. Il faut renoncer à la légende qui nous montre Michelet devenant hostile au catholicisme parce qu’il a été attaqué par l’abbé Des Garets.
  2. Michelet avait fait un dépouillement très complet des registres de la Commune, détruits depuis par les incendies de mai 1871. Il en a tiré une foule de renseignements curieux qui ne se trouvent pas dans les autres histoires de la Révolution. Il avait aussi attentivement étudié les archives de Nantes pour la guerre de Vendée.