pas notre esprit, comme d’autres grands poètes, comme Victor Hugo par exemple, par des couleurs et par des sons, mais par le mouvement, les sentiments et la vie dont il anime tout ce dont il parle. La forme n’est pour lui que l’expression de l’âme. L’imagination de Victor Hugo s’éprend des apparences extérieures des choses et trouve pour les peindre des ressources infinies de mots et d’images ; elle est pittoresque, coloriste, matérialiste pour ainsi dire. L’imagination de Michelet cherche l’essence intime des choses, leur sens caché : elle est mystique et presque métaphysique parfois. Hugo matérialise l’âme, Michelet spiritualise la matière. On pourrait tirer de leurs œuvres des séries parallèles de comparaisons, où Michelet prête des sentiments et des pensées aux objets matériels, auxquels Victor Hugo compare des choses toutes spirituelles. Tout le monde connaît les beaux vers où Victor Hugo compare son âme à une cloche que des mains profanes ont marquée en tous sens d’inscriptions banales ou grossières, mais sur laquelle le nom de Dieu demeure ineffaçable. Voyez au contraire dans Michelet la page sur la cloche de l’église, mêlée à tous les événements domestiques, y prenant part, émue, vibrant de joie, de deuil.
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