« Elle est
de la famille[1]. » On pourrait citer un grand nombre d’exemples
semblables. Pour Hugo, les sentiments ont des formes, des sons, des
couleurs ; il parle de l’âme comme si l’on pouvait la toucher et la voir.
Pour Michelet, la forme, les couleurs, les sons ne sont que les
expressions de certains sentiments, de certaines pensées, les
manifestations d’une âme cachée. Il voit les objets inanimés, il en
parle comme s’ils étaient des êtres vivants. S’il raconte un naufrage,
il nous montre le navire « assommé, éreinté », gisant sur la grève « comme
un corps mort ». Le flux et le reflux de la marée, c’est « le pouls de
l’Océan », dont les eaux répandent la vie sur le globe comme le sang dans
le corps humain. Les phares sont des gardiens dévoués, des veilleurs
infatigables, des portiers des mers ; parfois des martyrs, quand, battus
de la tempête, ils souffrent de ses coups redoublés. Les lents
soulèvements des montagnes sont l’aspiration de la terre vers le soleil,
« cet amant adoré » ; mais les montagnes aujourd’hui se dégradent
lentement, par le déboisement des forêts : « Les arbres souffrent de cette
dégradation. Le pied dans les tourbières, le
- ↑ Nos Fils, page 35.