plus. »
La phrase commence par des mots longs et pesants, continue plus légère par des dissyllabes, puis, toujours plus grêle, ainsi que le chant de l’alouette, elle finit en monosyllabes, les plus brefs, les plus nets, les plus clairs. Chantez la phrase, vous verrez que les derniers sons an, on, e, a, oi, u, font une gamme chromatique ascendante. L’autre phrase est une invocation à la frégate, le plus puissant par ses ailes, le plus infatigable des oiseaux.
« Que ne me prends-tu sur ton aile, roi de l’air, sans peur, sans fatigue, maître de l’espace, dont le vol si rapide supprime le temps ! »
N’y a-t-il pas là trois coups d’aile, courts, vigoureux : « roi de l’air, --sans peur, --sans fatigue », --un quatrième plus large et plus fort, « maître de l’espace », et l’oiseau file en planant, les ailes immobiles et étendues, -- « dont le vol si rapide supprime le temps. » Changez un seul mot à ces phrases, même le plus inutile au sens, et vous en détruirez la valeur aussi bien qu’en ôtant une note à une phrase musicale. Mais aussi, en quelques mots, peut-être insignifiants en eux-mêmes, Michelet fait-il pénétrer dans l’esprit, d’une manière