Aller au contenu

Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et si l’autre met à nu, avec une audace ingénue, tous les secrets d’un cœur de jeune fille russe, nous instruisant à la fois sur son sexe et sur sa race.

Ces confidences prennent, il est vrai, une toute autre valeur quand elles sont faites par un homme qui est célèbre par ses actes ou par ses livres. Elles nous permettent, même quand elles ne sont pas tout à fait sincères, de pénétrer dans l’intimité de son être moral, de saisir les mobiles de ses actions ou les germes de ses idées. Elles nous le montrent, sinon tel qu’il a été, du moins tel qu’il aurait voulu être ; elles nous font comprendre l’unité fondamentale qui relie les manifestations successives et quelquefois contradictoires en apparence de son activité. Combien ces confidences deviennent précieuses quand elles n’ont pas été écrites après coup pour expliquer ou corriger le passé et en pensant au public, mais au jour le jour, et pour soi seul ! Elles acquièrent enfin un prix infini quand elles remontent à la première jeunesse, aux années où l’on cherche encore sa voie, où l’avenir s’ouvre, libre, indéterminé, immense, où ni la célébrité ni l’opinion ne dictent les attitudes et les paroles, où l’on se laisse voir d’autant plus