formés son caractère et son talent, car on ne peut, chez lui, séparer l’homme de l’écrivain.
Chose singulière et bien faite pour démentir ceux qui maudissent les règles comme des entraves au génie et qui croient que l’irrégularité dans la conduite de la vie et le caprice dans le travail développent l’originalité, cet écrivain, primesautier et original entre tous, s’est soumis tout jeune à la plus étroite des disciplines ; cet homme, qui a uni en lui la sensibilité éperdue de Diderot à la nervosité exaspérée de Saint-Simon, s’est formé en menant la vie d’un disciple de Port-Royal.
Donnant sept heures de leçons par jour, il se levait à quatre heures pour avoir deux heures de travail avant de quitter la maison. Le soir, le jeudi, le dimanche, il trouvait encore quelques heures à donner à la lecture, et il avait pris l’habitude d’emporter toujours avec lui un livre pour lire en marchant. Quelques promenades au Père-Lachaise et dans le bois de Vincennes, ses courses à Bicêtre quand Poinsot vivait encore, c’étaient là ses seules récréations. Quelques visites à ses maîtres, à M. Leclerc, à M. Villemain, à M. Andrieux, ou aux parents de ses élèves, faisaient toute sa vie mondaine. Dans la maison même où il