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Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/118

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Sauvebeuf pour l’obliger à réparer les dégâts causés par un orage du mois de mars et par son incurie. Il répond à cette sommation par une mesure un peu radicale. Il rase ses bâtiments malgré l’opposition des religieux. Les titres, les chartes, les livres sont enlevés du trésor de l’abbaye, vont s’égarer dans les familles des abbés, sur les quais de Paris, ou dans la boutique d’un marchand d’antiquités de Semur, ou même à la bibliothèque de Montpellier. Par ordonnance de Louis XIV, les héritiers des deux Manasdaut sont condamnés à restituer tout ce qui a disparu, ou à donner une indemnité qui n’a jamais été versée. (Cart. Font. passim.)

C’est un désordre complet. Pendant dix ans, Fontenay ne sait pas qu’il possède au Fain le moulin Colle et trente deux ouvrées de vignes. Il faut que les derniers fermiers lui donnent une attestation de propriété. Depuis six ans, Paupie de Lucenay, commensal du roi, a converti treize arpents de prés en étang, à Vadenay ; abbé, prieur, moines propriétaires de ces prés, ne le savent pas. Quand ils en sont informés, le sieur Paupie emploie les ressources de son éloquence pour leur prouver qu’il a agi dans l’intérêt du couvent, sa parole est acceptée. Cependant il donnera, en indemnité, chaque année six des plus belles carpes et six sous. Mais pendant 27 ans, il ne les paya pas ; il a fallu un procès à Semur pour l’engager à tenir ses engagements.

Dans cette malversation universelle, que pouvaient devenir la règle et la fortune de notre abbaye ?

Quand ces abbés commendataires reparaissaient à de longs intervalles, ce n’était pas pour remédier à ce