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Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/128

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CHAPITRE XIX

Vente mobilière de Fontenay


La fureur révolutionnaire a triomphé. Les communautés religieuses sont abolies, nos moines expulsés de la demeure qu’ils s’étaient choisie pour y habiter toujours, les cloîtres de Fontenay, les salles capitulaires, l’église sont veufs de leurs propriétaires, les échos de la vallée ont cessé de répéter le chant du départ, un silence de mort succède à l’animation de l’abbaye, Fontenay est devenu désert, solitaire, comme aux jours des ermites Martin et Millon, mais un crêpe étendu sur ces constructions annonce qu’il y a un mort dont il faut partager les dépouilles.

Au nom de la Nation, le Directoire de Semur se hâte de prendre possession du monastère, fait de suite un inventaire minutieux de tous les objets mobiliers, et délègue le notaire de Rouvray, Pinard, pour procéder à la vente. Celui-ci choisit pour assesseur, un sieur Charmot, et pour crieur, Renier de Semur. Il fixe la vente au mois d’octobre 1791.

Aussitôt, comme les oiseaux de proie qui s’élancent à tire d’aile sur leurs victimes, une vingtaine de tripiers et de brocanteurs s’abattent sur Fontenay. Les lots se succèdent rapidement, adjugés à des prix ridicules à cause de leur modicité ; la bibliothèque est partagée en quatre lots d’une quarantaine de