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paroles, l’union des cœurs fut contractée, et l’abbaye fondée dans la joie[1].

Plus heureux qu’à leur entrée dans la vallée de l’absinthe, ils ne furent pas obligés de faire des tentes avec des branches déjà défeuillées. Ils trouvèrent un toit hospitalier tout prêt à les protéger contre les rigueurs de la saison qui commençait déjà à être dure dans ces forêts.

Chaque année Fontenay célébrait cette fondation au 29 octobre dans son nécrologe.

M. Ratisbonne, dans sa vie de saint Bernard, dit qu’il envoya une colonie chercher une solitude convenable dans le diocèse d’Autun. La recherche ne dut pas être grande ni difficile, Bernard connaissait l’Ermitage et la vallée. Dans sa jeunesse, il avait souvent parcouru ses sentiers solitaires en allant du castrum Montis-Barri au castrum Tullionis, de son grand-père à son oncle Gaudry.

L’Ermitage déjà ancien s’appelait Chastelun, Chastelot ou Chastellum, petit château. En effet, jeté sur la pointe d’un rocher à pic, environné de hautes murailles dont on trouve encore les restes sous les broussailles, il avait l’air d’un château-fort ; mais de son enceinte ne sont jamais sorties des armes pour attaquer un seigneur voisin, il n’en partait que des vertus et des prières qui faisaient l’admiration des environs.

L’amour de la solitude se faisait vivement sentir aux xiie et xiiie siècles. On sacrifiait aisément ses intérêts temporels pour suivre plus facilement le chemin du ciel. L’amour du célibat enfantait aussi

  1. Voir aux pièces justificatives.