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CHARLES MONSELET

finit pas. Travail et rêverie au soleil, les pieds dans l’herbe. — Vie heureuse !… Mais j’ai ma pensée où se secoue et flamboie tout le xviiie siècle, et dans laquelle les galeries de Versailles dansent une farandole relatante ! — Il ne me faut rien de plus. — En avant, mon drame, en avant !


Jeudi. — Bonne journée. Je finis mon premier acte dans les bois, sur l’herbe, partout. — En rentrant à ma posada, après dîner, je trouve une lettre excessivement pressante d’Anténor Joly qui m’invite, si je veux gagner quelques pièces de cent sous (sic) à venir le trouver immédiatement au reçu de la présente. — Que fallait-il faire ? Mécontenter par un refus ce courtier littéraire qui peut m’être utile à chaque instant dans la pénible carrière que j’ai embrassée ? Non. — Je pars donc immédiatement et j’arrive à onze heures du soir. — Voilà mon drame coupé en deux et mon bonheur à Versailles bientôt fini ! Reviendrai-je maintenant ?

Hélas ! — C’est le train de la vie.


Vendredi. — Je vais chez Anténor. Voilà ce que c’est. Un établissement genre Mabille va se fonder, et il me charge de faire toutes les réclames et les feuilletons ; c’est-à-dire de tourner les mêmes idées en soixante ou quatre-vingts manières. — Je soupire, me repentant d’avoir quitté mon oasis de l’avenue de Sceaux. Mais je me mets à l’œuvre aussitôt. Anténor Joly me garde à vue et vient quatre fois par jour chez moi. À quatre heures il me mène voir le Château des Fleurs, nom de ce bazar d’un nouveau modèle. — Ce n’est que le soir que je parviens à me soustraire à sa dépendance pour aller applaudir Alcide Tousez au théâtre du Palais-Royal. Les réclames d’Anténor et ma revue de l’Artiste m’ont pris tout mon temps, pauvre homme que je suis.


Samedi. — J’ai demandé un supplément à Houssaye ; j’ai donné de l’argent à Lengrais, dont je me suis empressé de réintégrer le domicile, et je me suis mis au drame Pompadour.