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CHARLES MONSELET

n’est pas une branche de la littérature, théâtre, roman, éloquence, polémique, journalisme, qui ne témoigne visiblement de l’ascendant des classes populaires. L’architecture, la statuaire, la peinture, la musique témoignent d’un goût qui n’est pas celui des classes anciennes dirigeantes. Les mœurs, le langage, le costume, l’ameublement, l’aspect de Paris et des grandes villes attestent, à leur manière, la transformation profonde qui s’est opérée dans la société française. »

En retardant de vingt années l’éclosion de cette doctrine libérale, l’empire, réfrénant le journalisme, allait aider à la littérature.

Déjà, celle-ci fraternisait avec l’industrie :

« Tout homme de lettres se doublait d’un homme d’affaires. Émile de Girardin avait donné l’exemple et le ton en fondant successivement la Mode, le Journal des connaissances utiles, le Musée des familles et finalement la Presse. Balzac fondait la Chronique de Paris, Véron la Revue de Paris, Lautour-Mézeray le Journal des enfants.

« Louis Desnoyers, à son tour, avait fondé le Charivari ; il allait fonder le Siècle… et la Société des gens de lettres[1]. »

La création des journaux à bon marché, l’avènement du roman feuilleton, la liberté de la presse lui imprimaient un essor considérable.


À l’époque qui nous occupe, la lutte entre classiques et romantiques est terminée ; le drame a supplanté la tragédie — Hernani l’emporte sur Arbogaste : Victor Hugo s’est fait une place à côté de Corneille.

Mais bientôt s’élève une nouvelle querelle littéraire, celle de « l’École du bon sens ».

D’une part, certains écrivains essayaient de ramener le théâtre et le roman à des proportions plus modestes, après

  1. Mes souvenirs littéraires. Paris, 1888.