plus tard Monselet au souvenir de ses premiers pas à Paris[1], est celui d’Henry Mürger, de cet être aimable et doux dont le séjour sur la terre fut de si courte durée…
» J’avais vingt-deux ans et lui vingt-quatre lorsque nous nous liâmes d’une amitié que rien ne devait jamais altérer ni troubler… »
Mürger emmena Monselet à l’estaminet Belge, où il le présenta à un jeune homme, alors employé au ministère de la guerre, dans le département des cartes, mais qui avait déjà fait représenter plusieurs vaudevilles ; — c’était Théodore Barrière.
Mürger demeurait à cette époque rue Mazarine, dans un hôtel triste, « tenu par Hautemule » comme disait l’enseigne. Le philosophe Proudhon occupait dans le même hôtel une chambre au-dessus de la sienne. Dans ce quartier Latin, que fréquentait l’auteur des Scènes de la vie de Bohème, Henri Mürger s’était lié avec une bande de jeunes gens qui, presque tous, sont parvenus à la célébrité, et qu’on rencontrait alors, très assidus, au café Momus, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, au cabaret restaurant de Perrin, place Saint-Sulpice, ou à la brasserie Andler, rue Hautefeuille. C’était : Auguste Vitu, Champfleury, Émile Fauchery, Théodore de Banville, d’Héricault, Charles Baudelaire, Charles Barbara, Jean Wallon, Marc Trapadoux, Auguste Schanne, Gustave Courbet, Bonvin, Armand Barthet, etc.
Citer des noms, c’est citer une époque.
C’est encore dans les bureaux de l’Artiste, en 1846, que Charles Monselet connut Gérard de Nerval.
« … Il y avait quelques mois seulement que je venais d’arriver à Paris…[2]. J’étudiai pendant quelque temps Gérard de